09 mars, 2007

Carretera austral (5)

Samedi 6 décembre 1997
Une équipée familiale et vélocipédique à travers la Patagonie chilienne

Journée de repos au camping…..toujours aussi vide, bien que nous soyons en « haute saison ». Renseignements pris auprès de l’homme à tout faire de l’établissement, ce camping serait surtout fréquenté par des pêcheurs (on trouve semble-t-il des saumons en abondance dans les parages) ainsi que des chasseurs. Ces derniers arrivent généralement au mois d’avril pour la saison du sanglier et du lièvre. Pablo s’est fait un copain de son âge : le petit Horazio, fils du gérant du camping. Ils disparaissent une bonne partie de l’après-midi pour aller « chasser le lion » ! Le temps est toujours aussi instable, la nébulosité atteint des sommets. C’est le cas de le dire, les montagnes alentours sont devenues invisibles !
Comme il recommence à pleuvoir, nous profitons du barbecue installé sous un abri à proximité de notre emplacement pour brûler quelques bûches. Ca réchauffe un peu l’atmosphère et surtout, permettra de sécher les vêtements qui, depuis la veille, demeurent irrémédiablement moites. Pour ce soir, nous avons acheter à prix d’or une bouteille de Gato Negro et un morceau de viande que nous ferons griller sur le feu. Pendant ce temps, Pablo s’est mis à dessiner dans la tente. Ce temps maussade qui perdure n’a décidément pas l’air d' entamer son moral!


Dimanche 7 décembre 1997

Etape Puerto Cardenas (Camping Cavi) – Sta Lucia.

Le temps est toujours aussi incertain avec des amoncellements de nuages et quelques averses en prime.
Après quelques kilomètres, nous décidons de faire une halte pour tenter d’apercevoir un glacier tout proche. Nous nous enfonçons à pied dans une forêt humide par un chemin difficile, boueux et empierré. Les pangués -sorte de rhubarbes arborescentes- sont ici immenses. Certaines feuilles sont presque aussi grandes que Pablo !
Au bout d’une heure de marche assez pénible (je porte Pablo sur les épaules), le glacier reste toujours invisible. Nous rebroussons chemin, déçus et plus que jamais, trempés jusqu’au os. Nous reprenons néanmoins nos vélos et le cours de cette étape grise et pluvieuse.
Une grosse épreuve viendra encore renforcer le caractère austère de ce parcours : le franchissement de la Cuesta Moraga. Ce col n’atteint « que » 650 mètres d’altitude mais il me semble que mon cœur va lâcher sous l’effort. Lorsque nous arrivons au sommet, nous sommes exténués et frigorifiés, de plus, le vent s’est levé et souffle avec violence. Nous nous abritons tant bien que mal sous le toit d’un petit édifice supportant une antenne. On se confectionne une invraisemblable tambouille à base de corn-flakes et de lait en poudre. Ca va un peu mieux !
Entamons ensuite une longue descente vers Santa Lucia. Dans la vallée où se niche ce petit village, le temps semble meilleur et, vu d’ici, la lumière est merveilleuse. Nous trouvons rapidement une pension bien tenue quoique fort rustique. Le patron anime la radio locale, diffuse de la musique tropicale et lit des messages d’intérêt général à l’attention des habitants de la Vallée du Rio Frio. Ce village, apprend-on, a été fondé en 1982 à proximité d’une curieuse caserne entourée d’une palissade en bois du plus pur style « Western ». Cette petite unité militaire est d’ailleurs un ancien détachement de cavalerie. (aujourd'hui rebaptisé en 26e Régiment d' Infanterie "Bulnes")
Le village comporte cinq ou six rues, une épicerie genre « drugstore »… mais pas de café. C’est dommage, car après les efforts de cette journée nous aurions voulu nous rafraîchir quelques peu le gosier. Qu’importe, c’est l’épicier du coin qui nous fournira en bières et limonades. « A condition de les boire à l’intérieur du magasin, précise le patron ». Comme aux Etats Unis, un règlement interdit en effet de consommer des boissons alcoolisées à l’extérieur !
Tant pis, nous nous installerons donc au milieu du magasin sur des caisses à fruits, parmi les conserves, les selles de cheval, le fil de fer et les boîtes à clous et siroterons notre boisson en faisant la causette avec l’ épicier et un couple d’Argentins venu s’approvisionner également.




Lundi 8 décembre 1997


Ce 8 décembre est encore plus calme que les autres jours au village. En effet, c’est la Fête de la Vierge et le jour est férié. En dehors d’un court moment d’effervescence à la sortie de la messe, le village demeurera totalement désert ce lundi. Nous en profitons néanmoins pour partir à la découverte des environs proches. Il fait très doux et le ciel est parfaitement dégagé. Cela méritait d’être signalé !



Mardi 9 décembre 1997

Etape Santa Lucia – Villa Vanguardia.

Une étape relativement facile et courte (+/- 30 kilomètres)
Villa Vanguardia (Village Avant-garde) est un hameau d’une dizaine d’ habitations. Elles ont été construites pour les ouvriers chargés de la construction de la route. Aujourd’hui, elles sont toutes inoccupées sauf…une. Celle-ci est la propriété d’un homme, vivant seul et faisant office de « concierge du village ». A l’occasion, il lui arrive de louer une de ces maisons pour des touristes de passage. Actuellement, toutes les maisons sont vides et l’ambiance est un peu sinistre, presque Hitchcockienne avec cette rue déserte où le seul mouvement perceptible est cette boîte de conserve déplacée par le vent.
Comme le concierge ne sera pas de retour avant le début de la soirée, comme l’indique le mot accroché à sa porte, nous décidons d’installer notre campement dans une belle prairie surplombant le rio Frio. Un site remarquable de beauté, presqu’une carte-postale, avec ses montagnes enneigées, son torrent sauvage et un fabuleux coucher de soleil en prime.
Nous assisterons également ce soir à une scène peu courante : un jeune homme traversant la rivière sur une petite barque à fond plat avec, sur celle-ci, une vache en équilibre instable. Un vrai miracle que cette frêle embarcation ne sombre pas tant le torrent est, à cet endroit, bouillonnant et nerveux !


(Environs de Villa Vangardia, vallée du Rio Frio)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis votre périple austral avec toujours autant d'intérêt et de plaisir.
Ces pangués, ou rhubarbes géantes (?) ressemblent en tout point à des plantes que j'ai vues en Irlande ou aux Hébrides, près du bord de mer...

Anonyme a dit…

Bonjour Nuages,

Ta remarque concernant les pangués m'a poussé à faire une petite recherche, en voici le résultat:
Le nom français du pangué est la gunnère ou rhubarbe du Brésil. Une plante herbacée exubérante possédant quasiment les plus grandes feuilles du monde des plantes vivaces. Elles peuvent atteindre jusqu'à 2,5m de diamètre. On la trouve en Europe , notamment dans les Cornouailles, en Normandie, en Bretagne, le long de la côte atlantique française et...la Flandre!Plus d'infos concernant cette plante insolite sur ce site:
http://phengels.club.fr/page84.html
A bientôt,