23 janvier, 2010

Oregon: 150 ans en 2009 (5/8)

Oregon: 150 ans en 2009. (5/8)

(Un reportage réalisé en juillet 2008 (texte et photos: Bernard Jacqmin)

Le Mont Hood


Et puis, inexorablement, viendra le moment où la curiosité sera la plus forte : Au détour d’un chemin, d’une route campagnarde peut-être un peu plus agreste que les autres -à hauteur de Rufus, par exemple- le voyageur sera incité à dépasser la vallée, à pointer le nez au delà de la canopée. Dans un premier temps, les grandes cultures réapparaissent. Encore du blé, encore de l’avoine, encore du maïs et puis, dans le lointain…une masse incontournable, un sommet érodé mais couvert de neiges éternelles : Le Mont Hood ! On se dit finalement que ce n’est pas très loin et l’on se met aussitôt en route, comme aimanté par la force surnaturelle qui émane de cette montagne.

Avec ses 3426 mètres d’altitude, le Mont Hood est le point culminant de l’Oregon. C’ est aussi un volcan toujours considéré comme potentiellement actif (bien que ses dernières velléités remonteraient à 1805, peu avant l’arrivée de l’expédition de Clark et Lewis précisément).

Quand à son ascension, si elle est inscrite au programme de tous les alpinistes dignes de ce nom, elle ne figure pas parmi les plus difficiles : après le Fuji Yama, c’est le Mont Hood qui comptabilise chaque année le plus d’ascensions réussies ! Ce qui en fait, notamment, un de ses aspects les plus attractifs, au même titre que ses pistes de ski ouvertes toute l’année. Unique aux States !



En ce week-end caniculaire, des dizaines de jeunes venus de la banlieue de Portland sont pour l’instant en train de dévaler ses pentes sur des snowboards aux motifs bigarrés. En T-shirt et reliés à leur I-Pod comme à un cordon ombilical, ils surfent l’or blanc, en écoutant les derniers tubes des rappers en vogue sous le regards malicieux d’ écureuils en goguette et bien peu farouches.

Une atmosphère aux antipodes de celle qui, il y a quelques années, avait rendu mondialement célèbre l’endroit avec le film-culte de Stanley Kubrick « Shining » dans lequel Jack Nicholson incarnait un dangereux psychopathe luttant contre ses démons et accessoirement, ceux peuplant les couloirs du Timberline Lodge (principal hôtel situé au pied du Mont Hood) !

Parfois, l’on se demande pourquoi le symbole du pays n’est pas cette montagne au lieu de ce cet omniprésent, certes, mais banal pin que l’on voit gravé sur les plaques minéralogiques de l’Etat ! Le Mont Hood, c’est comme une signature, une carte de visite ou mieux, un repère incontournable. Par temps clair, on peut le voir dans presque tout le Nord du pays.
Malgré les touristes, les skieurs et les nombreux randonneurs, l’endroit est apaisant et reste étonnement propice à l’éblouissement, à la méditation et pourquoi pas aux rencontres singulières. Comme celle de ce couple originaire de la banlieue de Portland. Ils s’appellent Ed et Jen. Ils ont choisi un camping des environs pour passer quelques jours de vacances, histoire de changer d’air et surtout faire plaisir à Patrick et Carol, leurs deux jeunes enfants. Des vacances toutes relatives et teintées d’une certaine anxiété nous confiera plus tard notre nouveau compagnon. En effet, chaque matin, Ed se lève aux aurores et quitte le campement en silence pour gagner la zone portuaire de Portland. Il est grutier et son boulot habituel consiste à décharger les trains. Cependant, pour l’instant il est en chômage. « Mais il faut rester vigilant dit-il, alors tous les jours, je descends en ville et fais le tour des entreprises et je regarde si elles n’ont pas besoin d’un gars comme moi, ne fût-ce que pour un petit contrat»


Ces moments-ci, Jen avoue pourtant ne pas avoir trop de chance avec le travail. Mais quand il revient au camping en fin d’après-midi, il fait bonne figure devant Jen et les gosses. On fait comme si de rien n’était, on s’active autour du barbecue et puis surtout, quand la nuit est tombée, on prépare les S’Mores ! Tous les enfants en raffolent et ce n’est pas très compliqué à réaliser : Il suffit de se mettre autour du feu puis de se choisir un bâtonnet sur lequel on va piquer un marshmallow (sorte de guimauve) et un morceau de chocolat qu’on fera fondre sur la flamme. Lorsque le tout est devenu presque liquide, on le tartine sur une sorte de biscuit aux céréales (les Grahams sont les meilleurs !) Il ne reste plus qu’à savourer et de préférence accompagné d’un coke bien glacé. C’est en quelque sorte la version américaine de la raclette suisse ! Un peu écœurant, mais c’est un « must » ici !


(Prochain épisode le 30 janvier)

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