18 février, 2007

Carretera Austral (3)

Samedi 29 novembre 1997


Une grande journée de voyage aujourd’hui. Le but étant de rejoindre le continent et la Carretera austral proprement dite. Pour ce faire, le plus facile est de rejoindre dans un premier temps le port de Quellon –au sud de l’île- d’où un transbordeur accompli régulièrement la traversée du golfe de Corcovado en direction de Chaiten. A vol d’oiseau le port de Quellon n’est distant de Queilen que d’une trentaine de kilomètres. Cependant, le tracé des routes au départ de Queilen, impose un détour de près de 80 kilomètres. Pour nous éviter ce long trajet, le Padre propose de nous embarquer à bord de sa lancha jusqu’à un petit bled nommé Chadmo. Petit village situé pratiquement face à Queilen moyennant la traversée d’un vaste bras de mer (le canal de Queilen). Voyage d’une bonne heure au travers d’un dédale d’ îles et d’îlots pour la plupart inhabités et couverts d’une végétation assez dense. « De toutes façons, nous dit Joseph, c’est sur mon chemin, je dois aller à Paildad pour y dire une messe anniversaire en mémoire d’un pêcheur mort en mer l’année dernière ».
Nous embarquons donc tout notre matériel à bord de la petite lancha qui s’aventure aussitôt sur une mer toujours aussi grise et houleuse. Un premier arrêt est, comme prévu, effectué à mi chemin (Paildad) où nous quittons le Padre qui s’en va dire sa messe puis continuons une bonne demi-heure notre traversée jusque Chadmo en compagnie de Don José, le pilote de la lancha.
Comme la plupart des petits hameaux côtiers de la région, Chadmo est composé d’ à peine quelques dizaines de maisons en bois éparpillées le long d’une grève pauvriteuse. Des enfants en haillons pataugent sur la petite plage plus boueuse que sablonneuse et jonchée de déchets les plus divers.
Nous fixons les sacs sur les vélos et nous nous mettons en route sans plus attendre, malgré le petit crachin qui sévit depuis ce matin.
La première heure de trajet est très dure. Pour sortir de ce village il n’y qu’un petit chemin excessivement pentu et très gras. Pendant cinq kilomètres, nous n’arrivons même pas à tenir sur nos vélos. Nous sommes obligés de les pousser en ahanant comme des bêtes de somme. Ensuite vient alors un beau ruban d’une trentaine de kilomètres, bien goudronnés et ce , jusqu ‘au port de Queillon. Trouvons un petit hôtel face à la mer (le bien nommé Hotel Playa) puis soupons d’un plat de fruits de mer.
Nous irons dormir assez tôt. Il fait frais et surtout trop humide pour commencer à musarder dans les rues de la petite cité portuaire.

Dimanche 30 novembre, lundi 1er et mardi 2 décembre 2007

Le temps reste toujours aussi instable. Nous mettons à profit les rares moments d’éclaircie pour réaliser quelques petites randonnées dans les environs. Nous sommes en effet coincés ici pour trois longues journées. Le prochain bateau à destination du continent- et de Chaiten- ne part que mercredi. En attendant nous visitons les villages de Quellon Viejo (dont la particularité était d’abriter, à la fin du 19e siècle une station de pigeons-voyageurs permettant aux habitants de communiquer avec le reste de l’île), de Punta Lapa ainsi que de Yaldad. Un village réputé pour être le dernier à Chiloë où l’on construit toujours les antiques « bongos ». Il s’agit de barques de pêche rudimentaires construites à partir d’un tronc évidé par l’action du feu. Nous passons également une heure au vieux musée municipal de Quellon. Un modeste bâtiment abritant un invraisemblable bric à brac où se côtoient sans véritable logique d’anciennes machines à écrire, un vieux phonographe, des pierres taillées par les peuplades autochtones, des castagnettes, etc…
A propos de bric à brac justement, nous décidons d’alléger nos sacs. Les premiers kilomètres effectués la veille nous ont amenés à la constatation que nous étions encore beaucoup trop chargé. Chez une sorte de brocanteur, je parviens à revendre une chaîne de vélo, un trépied -photo ainsi qu’un casque audio, qui finalement ne devraient pas être très utile dans le futur.
La somme obtenue est raisonnable et permettra –parcellement- de réserver nos trois places à bord du transbordeur.

Mercredi 3 décembre

Préparatifs avant la traversée vers Chaiten. Le départ est prévu à 14 heures et le trajet prend 5 heures. Nous payons au total 20.000 pesos pour le passage (2x6000 pour Marie-Hélène et moi –Pablo ne paie pas- et 2x 4000 pour les bicyclettes)
Il y a à peine une cinquantaine de passager à bord : une classe en voyage d’étude, une dizaine de touristes argentins et nous.
De nouveau, notre arrivée à Chaiten est saluée par une pluie battante. Quand cela va-t-il cesser ?
Nous enfourchons nos bécanes et nous précipitons dans la première pension venue.
Une auberge toute de bois, flambant neuve et sentant bon l’encaustique. Il n’y a personne excepté un jeune couple d’allemands rencontré par ailleurs à Quellon.
Un superbe coucher de soleil sur le golfe clôturera cette journée.

(traversée du golfe de Corcovado)
(Chaiten après l'averse)

(Chaiten, le port)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Que dire, sinon que c'est toujours aussi bien !
Un périple dans une Norvège australe et hispanique...
Amitiés ;o))

Jean (Nuages)

Anonyme a dit…

Une Norvège australe et hispanique: Voilà en effet l'expression la plus juste pour qualifier cette étonnante région! A mille lieues des clichés habituels d'une Amérique latine tropicale, ensoleillée et exhubérante. Presque une Amérique du sud simenonienne!!!!
A bientôt


Bernard