13 octobre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (12)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée longitudinale de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge, vélo et marche.


Lundi 9 novembre (Cuzco/Pérou)

Dernière journée passée à Cuzco ainsi que préparatifs pour le départ de demain vers Puno, sur les rives du lac Titicaca.
Consacrons notamment cette journée à la visite d’un musée dédié à l’ « Ecole de Cuzco ».
Cette école est synonyme d’un style pictural initié par deux peintres italiens (le jésuite Bernardo Bitti et Angelo Medoro) arrivés vers le milieu du XVIe siècle à Cuzco. Ces derniers, imprégnés du style maniériste en vogue à l’époque en Italie, ont influencé des quantités d’artistes péruviens qui à leur tour ont décliné les thèmes religieux imposés par leurs maîtres avec ce style étrange caractérisé par un traitement des couleurs et de l’espace souvent irréel préfigurant à plus d’un égard le style baroque.


Nous poursuivons cette journée par la visite de la cathédrale et son impressionnant retable en argent massif puis déambulons au hasard jusqu’au vieux quartier dit « Inca » dominant la ville où se trouvent nichées la jolie placette San Blas et sa modeste église du XVIe abritant une des merveilles de la ville : une chaire en bois sculpté ornée d’une profusion de personnages oniriques et religieux. « Une œuvre magistrale d’un baroque triomphant » comme s’accordent à le définir tous les guides touristiques ! C’est en tous cas extrêmement « chargé »!

Débusquons en soirée un modeste resto où pour quelques intis (monnaie péruvienne en vigueur en 87) il est possible de se restaurer correctement. La carte ne propose pas grand chose d’autre que l’éternel poulet-frites-salade, mais ce sera suffisant pour ce soir.
Le service est rapide mais la nourriture se révèlera tout aussi rapidement immangeable.
Je picore sans trop d’enthousiasme lorsqu’une malheureuse en haillons fait irruption dans la salle. Avisant mon assiette, elle me demande « Avez-vous fini de manger ? ». Comme je lui bredouille une réponse fort improbable, elle sort aussitôt de sa poche un petit sachet en plastique. Elle y vide mon assiette.
La pauvre femme s’agenouille, se confond en remerciements puis disparaît avec ce qui, peut-être, constituera son repas du jour.



























(Cuzco, quartier San Blaz)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Décidément, ce récit est tout aussi passionnant et impressionnant que celui sur la Carretera Austral.
L'épisode du resto : dramatique...

Bien amicalement