15 octobre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (13)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée d' Est en Ouest de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge, vélo et marche....

Mardi 10 novembre (Puno/Pérou)


Du « nombril » du monde (inca) aux rives du plus vaste lac sud-américain (le Titicaca), il y a une éternité. Si la carte indique que 300 kilomètres à peine séparent Cuzco de la petite ville portuaire de Puno, il faut en revanche au train une bonne douzaine d’heures pour les parcourir. Certes, le relief est accidenté, mais ce sont principalement les haltes aux différentes gares qui paraissent interminables : chargements et déchargements de colis les plus divers -y compris poules et jeunes lamas-, vérifications de billets, contrôles policiers mais aussi passages de marchands de « plats préparés » et de boissons. Ces commerçants sont sans doute de mèche avec le machiniste ou le chef de gare puisque le train ne semble jamais démarrer que lorsque ces vendeurs ont écoulé leur stock de marchandises.
Un rapide calcul nous fait aboutir à la conclusion que ce convoi va atteindre la moyenne stupéfiante (dans tous les sens du terme) de…25 km/h.

Cette fois, nous faisons la connaissance d’un jeune couple belgo-australien -Alain et Erin- avec qui nous bavarderons le temps de ce voyage sans fin. Le garçon, originaire d’Anvers, s’est amouraché il y a quelques mois, à Bali (!), de cette jolie australienne au visage parcouru de taches de rousseur. Les tourtereaux-voyageurs ont à peine vingt ans et sont bien décidés, disent-ils, à ne plus déposer leurs valises avant longtemps. « Vivre c’est voyager, se « fixer" c’est mourir, ajoutent-ils en chœur. Et quand on n' aura plus de sous, renchérit Erin, on fera n’importe quel boulot, puis on repartira… jusqu’à la fin des temps ! ».

Une fois de plus, nous allons « accoster » dans la ville à la nuit tombée.
Il fait calme, et même un peu triste dans cette bourgade perdue des Andes. La vie nocturne à l’air de se résumer à quelques bistrots borgnes en front de lac.
Amarrés au loin, quelques vedettes de la marine péruvienne se balancent mollement au gré des clapotis.

Excepté si l’on veut y faire des achats de laine de lama ou d’alpagua –ce que nous n’avons pas programmé- il n’y a apparemment pas grand à voir ou à faire ici. Les rives du lac sont en outre assez sales et les baignades peu recommandées. De toutes façons, à cette altitude (3855 mètres) l’eau ne doit pas être très chaude. Quant aux chaises longues et aux parasols, ils ne font pas encore partie du décor.
En soi, Puno n’est pas une étape fondamentale, mais la petite cité lacustre constitue un point de passage obligé vers la Bolivie. Donc, nous y passons !

Flanqués d’Alain et Erin, nos nouveaux compagnons de voyage, nous dégottons une pension sympathique dont le patron ne manque décidément pas d’esprit d’à propos.
« En principe, il n’y plus de place dans l’hôtel, mais je vais essayer d’arranger quelque chose, nous assure l’hôtelier en nous faisant signe de le suivre ».
Nous l’accompagnons à l’étage où il s’arrête devant une chambre. Il frappe à la porte et engage une négociation visiblement serrée avec des locataires : deux touristes hollandaises peu amènes à qui le proprio est en train de demander de se pousser un peu pour nous laisser de la place. Le taulier se montre assez persuasif et au bout de auelques minutes, nous invite à partager la chambre des deux bataves à qui l’on n’a visiblement guère laissé le choix. L’ambiance sera un peu tendue dans la chambrée et c’est à peine si les filles nous adresseront un salut.
On peut les comprendre mais de là à refuser de nous parler jusqu’au lendemain, c’est un peu dur….

Dans ce même registre d’ « intimité compromise », l’ établissement où nous dînerons ce soir constituera un sommet du genre.

Les toilettes y jouxtent la cuisine mais la porte séparant les deux pièces a purement et simplement disparu. Ce qui permet, notamment, de faire la causette avec le cuistot tout en soulageant sa vessie ! Je doute que cette configuration des lieux soit tout à fait orthodoxe sur le plan de l’hygiène mais cela n’a l’air de heurter personne.


(Puno, Lac Titicaca)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un road-movie fort attachant, décidément.
Les photos de la voiture rouge devant l'église rose et des boissons protégées par un carré de toile sont particulièrement fortes et réussies.