17 décembre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (21)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée d' Ouest en Est de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge, vélo et marche....


Samedi 28 novembre (suite). -Pantanal-

Nous arrivons en fin d’après-midi sur le lieu de notre futur campement. Une tente a été installée à l’orée de la forêt non loin de l’habitation d’une famille d’ouvriers agricoles. Ce sont des amis de Catu, notre guide.
La maison est constituée de deux huttes couvertes de branches de cocotiers. L’une d’elles fait office de cuisine et est exclusivement consacrée à la préparation des repas. Un feu y couve en permanence. L’autre hutte est celle où la famille qui nous héberge dort. Le couple à deux enfants mais aussi de nombreux animaux domestiques : deux chiens poussiéreux, un chat, des poules, un petit perroquet et deux jeunes cochons.

Les repas se prendront à l’extérieur, sous le prolongement du toit de la hutte-cuisine. Le soir venu, les ouvriers de la fazenda toute proche viendront se joindre à la tablée.
Pendant ce temps, la radio débite des mélodies méconnaissables et dans les arbres aux alentours, les aras poussent leurs cris rauques et stridents.

Le repas du soir terminé, Catu nous emmène faire le tour du marais situé en contrebas du campement. Armé de sa lampe de poche, il nous indique les jacarés (l’alligator du cru) qui à cette heure tardive sont faciles à repérer (et à approcher). Il suffit de balayer la surface de l’eau au moyen d’un rayon lumineux pour qu’aussitôt apparaissent comme autant de petits projecteurs, les globes oculaires des reptiles émergeant du liquide glauque.
La nuit est saturée de sonorités toutes plus étranges les unes que les autres : clapotis innommables, grésillements d’insectes ailés, gargouillements de volatiles aux noms bizarres….

Le temps est présent venu de dormir. Nous allons regagner la tiédeur accablante de notre tente jusqu’au lendemain.

Manque de bol pour moi : depuis le début du voyage, nous n’avons jamais eu aussi chaud et il faut que soit ici que j’attrape une angine. J’ai la gorge en feu et je tremble de tous mes membres !!!


Dimanche 29 novembre -Pantanal-

Nous sommes debout très tôt (vers 6h30)
Ma fièvre semble avoir diminué et j’en profite pour piquer une petite tête dans la mare aux crocodiles. Il semble ne plus y en avoir à cette heure. De toutes façons, il n’y pas d’autres alternatives pour se débarrasser de la couche de crasse mêlée à la sueur que nous avons accumulée depuis hier.
Nous passons une bonne partie de la journée à sillonner les pistes environnantes dans le pick up de Catu. De nouveau se succèdent avec la même abondance les animaux aperçus la veille : Cabiais, cigognes, toucans, aras, petits cervidés et cette fois, quelques nandous apeurés. Cette espèce de petite autrche est aussi l'emblème du Pantanal.




Nous nous arrêterons plusieurs fois au cours de cette excursion. Notamment pour une petite partie de pêche aux piranhas au moyen d’un procédé rustique mais efficace : Une boîte de conserve (en guise de moulinet) et un gros fil de nylon à l’extrémité duquel se trouve un solide hameçon pourvu d’un morceau de viande faisandée.
Le tout est lesté d’un gros boulon et se jette à une dizaine de mètres au loin.
Il ne faut pas attendre très longtemps pour qu’apparaisse la première prise.
Une belle pièce de couleur or et argent dont les rangées de dents ne laissent aucun doute quant à leur efficacité. Catu arrachera l’hameçon dans un petit craquement cartilagineux et le dangereux poisson carnassier frétillera encore un moment dans l’herbe. Pendant ce temps les enfants du coin s’amuseront à introduire dans la bouche du monstre de petites tiges de bois qui seront aussitôt tranchées net par les dents de l’animal à l’agonie.
Rentrés au campement, nous donnerons un coup de main à Catu pour nettoyer les poissons. Ils seront au menu de ce midi. Leur goût ne laisse pas forte impression, les arêtes par contre, c’est un autre problème…. !
A présent, la chaleur est devenue beaucoup trop intense pour continuer les « observations faunistiques ». Et je crois que Catu a envie de faire la sieste.
Nous en ferons de même et attendrons qu’il fasse un peu meilleur…en suçant des mangues, bercés par les roulis du hamac.
La fièvre me reprend de nouveau.

Lundi 30 novembre -Pantanal-





Nous reprenons le chemin de Corumba dans la matinée tout en nous ménageant quelques haltes ça et là de manière à apprécier une dernière fois ce paysage somptueux.
Arrivés en vue de Corumba, un barrage policier nous contraint à nous arrêter. Nous sommes priés de quitter le véhicule et celui-ci fait l’objet d’une fouille en règle. On ne sait trop ce que les hommes en uniforme recherchent. Peut-être de la drogue ou alors un animal chassé illégalement dans la réserve ? Tout ce que les policiers trouveront, ce sera le porcelet que Catu avait caché vivant sous sa banquette. Un petit animal que notre guide avait prévu d’élever jusqu’aux fêtes ! Les policiers ne seront pas trop tatillons et nous laisserons repartir sans autre forme de procès et avec le porcelet qui cette fois fera le reste du voyage à « visage » découvert.


Passons le reste de la journée à préparer la prochaine étape de ce voyage qui, cette fois, nous fera faire un bond (en avion) jusqu’aux rives du Rio Sao Francisco que nous avons projeté de descendre à bord d’une barge. Nous sommes un peu inquiets car nous apprenons de la société de transport fluvial locale que celle-ci n’accepte plus les voyageurs à bord des bateaux de fret.
Tant pis, nous risquerons le tout pour le tout.....

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