20 décembre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (22)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée d' Ouest en Est de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge, vélo et marche....



Lundi 30 novembre (suite), mardi 1er et mercredi 2 décembre –Corumba- Rio de Janeiro - Belo Horizonte-


L’avion pour Rio décolle à midi. Deux escales sont prévues. Une à Campo Grande et l’autre à Sao Paulo. Il fait noir lorsque nous atterrissons à Rio. Nous avons toujours en mémoire notre arrivée à Lima en pleine nuit et la perspective de traverser à nouveau, et à cette heure tardive, une grande ville pour rechercher un hôtel ne nous enthousiasme pas outre mesure. La première vision que nous avons de Rio est celle d’une mégalopole sauvage et bruyante.

Sur l’avenue qui nous conduit vers le centre, un bus vient de nous dépasser. Il n’a plus de vitres et dévale l’artère à tombeau ouvert. A son bord, une bande de joyeux fêtards, sans doute des supporters d’une équipe de foot, passe les bras à l’extérieur et martèlent la carrosserie du véhicule sur un rythme de samba, comme s’il s’agissait d’un immense tambour mobile ! Ambiance !

On ne s’attardera pas ce soir en déambulations touristiques et l’on prendra la première pension venue. La découverte approfondie de Rio sera pour plus tard. Ce mardi, nous passons la journée à téléphoner à la société de navigation (Franave) avec laquelle nous avons projeté de descendre le Sao Francisco à partir du village de Pira Pora. Les informations que nous obtenons sont toutes plus contradictoires les unes que les autres. Selon les uns, une péniche devrait effectivement partir aux environs du 6 décembre, selon les autres, ce départ aurait été annulé. D’autres rumeurs laissent encore supposer que plus aucun voyageur n’ est accepté à bord de ces bateaux de charge. Qu’importe, nous nous accrochons au projet.
Ce mercredi, nous prenons contact avec Monsieur Wollens, un Bruxellois résidant à Rio rencontré à Zaventem le jour de notre départ. Cet ancien commercial chez Agfa-Gevaert nous avait alors proposé son aide, le cas échéant, lorsque nous serions au Brésil.
Nous lui demanderons de bien vouloir garder une partie de nos bagages pendant la durée de notre (hypothétique) « croisière » sur le Sao Francisco. Il accepte fort aimablement et son épouse proposera en outre de nous conduire jusqu’à la gare des bus à partir de laquelle nous nous rendrons dans un premier temps à Belo Horizonte. Au cours du trajet menant au terminal, je commets l’erreur d’ouvrir la vitre sans prévenir Madame Wollens. Celle-ci s’étrangle et m’enjoint de refermer immédiatement cette fenêtre, bien qu’il fasse très chaud. Elle explique qu’une de ses connaissances a été agressée il y a quelques mois à un feu rouge par un voleur particulièrement déterminé : Comme elle n’arrivait à retirer sa bague assez vite au yeux de l’agresseur, celui-ci lui a, ni plus ni moins, coupé le doigt avec son couteau!

Arrivons de nouveau nuitamment à Belo Horizonte, capitale du Minas Gerais et troisième plus grande ville du Brésil. L' endroit n’a apparemment pas l’air engageant mais nous ne devrons guère trop y circuler puisque débusquons une auberge juste face à la gare des bus.





Jeudi 3 décembre –Belo Horizonte – Pira Pora –

Une nouvelle journée passée à téléphoner à la Franave mais nous n’obtenons toujours aucune information fiable. Alea jacta est ! Nous prenons le bus jusque Pira Pora (6 heures de voyage) et nous nous rendons directement au siège de la fameuse société de transport fluvial. Nous n’y rencontrons qu’un employé chargé de l’entretien des bureaux. Celui-ci pense que le patron sera là demain.

Vendredi 4 décembre

(Dans la boutique d'un fabricant de proues à Pira-Pora)

Décidons de faire le siège de la Franave dès l’aube et passons deux bonnes heures à attendre le « boss ». Un responsable de la société finit par arriver et nous confirme le départ d’une péniche le 6 décembre. Il n’y aurait cependant aucune place à bord pour des touristes. Toutefois, l’homme reconnaît que moyennant « discussion », et autorisation spéciale du directeur de la capitainerie, il y aurait peut-être une possibilité. « Revenez en fin d’après-midi, nous y verrons plus clair, tranche enfin le fonctionnaire ».
Vers les 15h, retour au bureau de la Franave. Cette fois, nous sommes accompagnés de Peter, un routard allemand qui depuis plusieurs jours tente également d’obtenir son sésame pour le Sao Francisco.
L’ employé rencontré ce matin se montre cette fois plus enthousiaste. Tout semble débloqué et moyennant une légère rétribution, nous nous voyons enfin autorisés à embarquer sur cette sacrée barge, ce dimanche….à 4 heures du matin.
Nous sortons tous les trois du bureau, heureux comme des gosses et fiers d’avoir fait preuve d’ obstination. La pluie s’est mise à tomber, mais elle a sur nos lèvres comme un petit goût de victoire. Nous décidons d’aller la fêter avec Peter dans un bouiboui en bordure du fleuve et d’aller écluser quelques cachaças à la santé de la FRANAVE et de nos prochaines aventures fluviales.

Samedi 5 décembre

Une bonne partie de la journée est consacrée à l’ achat de produits dont nous devrions avoir besoin sur le bateau : des fruits, des bouteilles d’eau, des films,
du papier-toilette et encore quelques bouteilles de cachaça dont nous sommes devenus de véritables aficionados. C’est un alcool de canne qui, mélangé à du jus de citron vert, produit une délicieuse ivresse…à la nuit tombée !
Le temps de régler la note de l’hôtel et d’écrire quelques cartes à la famille et nous voilà embarquant en début de soirée à bord du Sanra Dorotéa. Le capitaine, prévenu de notre venue, a en effet préféré que nous passions déjà cette nuit à bord de crainte que nous ne puissions nous lever demain aux aurores.
Cette première nuit se révèlera pénible car nous dormons à même le plancher du petit réfectoire. Une pièce située juste au-dessus de la salle des machines dont le ronronnement et les vibrations rendent le sommeil impossible. Le chaleur est accablante et des armées d’insectes grouillent sur le sol. La croisière promet d’être épique !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

test com.

Anonyme a dit…

Quel passionnant récit, cher Bernard !
Et c'est vrai, c'est délicieux, la Caipirinha !

Anonyme a dit…

Délicieuse la caipirinha, mais gare aux maux de tête de lendemain! Merci pour tes encouragements, Jean!

P.S. Le problème des photos ne pouvant plus s'"ouvrir" semble s'être résolu de lui-même. Je n'ai toujours pas compris ce qu'il a pu se passer!

Bien à toi,

Bernard