07 avril, 2007

Carretera austral (9)

Samedi 20 décembre 1997 (à Coihaique)
Une équipée familiale et vélocipédique à travers la Patagonie chilienne

Illustration sonore: le groupe "Malebo" (de Coihaique) avec le titre "Chacarera de la zona"

Journée de découvertes à Coihaique. Seule véritable ville le long de la Carretera austral. C’est aussi ici que se trouve le seul et unique feu rouge sur le millier de kilomètres que compte la fameuse piste patagone ! Environ 38 .000 habitants vivent dans cette localité fondée en 1929 par le gouvernement provincial. Le but de sa création a été de venir en aide aux premiers colons (et surtout à la grande Société Industrielle de Aisen dont le cheptel ovin, vers 1920, atteignait 140.000 têtes !) en leur procurant les infrastructures de base qu’ils étaient en droit d’attendre : commerces, écoles, hôpital, église mais aussi hôtels, restaurants, cinéma et cafés. Coihaique est aussi depuis 1974 la capitale de la 11e région du Chili.
L’ambiance y est agréable et tout particulièrement aujourd’hui, avec cette température quasiment estivale. Les étudiants en uniforme ont joyeusement envahit la place de même que les militaires en permission. Une curieuse place d’ailleurs qui, avec sa forme pentagonale, désoriente complètement les nouveaux venus. Enfin, une activité insolite anime l’endroit durant les beaux jours : une famille de commerçants a, depuis cette année, pris l’initiative de louer des petites voitures à pédales que les enfants se disputent tout au long de l’après-midi. Une attraction qui va ravir Pablo !


Dimanche 21 décembre 1997 (dans les environs de Coihaique)

Petite excursion en bus jusque Puerto Aysen. Port aujourd’hui presque totalement ensablé d’où étaient expédiés, au début des années 20, les produits (laine et bois) de la fameuse Société Industrielle d’Aisen. Arrivons en fin de matinée dans la localité. C’est désert, morne et gris. Déambulons un moment le long d’un fjord désespérant où de modestes goélettes en bout de course achèvent de pourrir . La grisaille va pourtant s’estomper et de larges pans de ciel bleu apparaîtront peu à peu. Nous débusquons finalement un coin pittoresque où nous pique-niquerons. Une sorte d’embarcadère face à un canal, bordé de joncs et de plantes aquatiques à travers lesquelles se faufilent de petites embarcations chargées de madriers et de poutres. Un agréable parfum de cyprès embaume la scène.
Retour à Coihaique. Flâneries dans la petite ville et lecture de la presse locale (où l’on apprend qu’un petit avion de tourisme disparu dans les années 60 vient d’être retrouvé dans une forêt proche). Nous nous sommes attablés à la terrasse du Ricer Café. Un établissement sympathique dont les murs sont couverts d’anciennes photos où l’on voit des colons endimanchés, des notables à la sortie de la messe, des groupes d’écoliers posant près de leur maître, l’arrivée d’une goélette dans le port d’Aysen….

Lundi 22 décembre 1997 (à Coihaique)

Quatrième et dernière journée dans la capitale régionale où nous commençons déjà à prendre nos petites habitudes. A tel point que le gérant de la supérette du coin (Supermercado Marvin) a demandé le plus sérieusement du monde à Marie-Hélène si nous comptions nous installer définitivement dans la région ! Pablo, après être allé chez le coiffeur passera encore une partie de l’après-midi à pédaler sur les petites voitures de la place. Nous prendrons une dernière fois l’apéro à la terrasse du Ricer Café en compagnie d’un petit groupe de touristes suisses et allemands. L’endroit ne doit pas tellement les dépayser !
Nous aurons également profité de cette étape pour faire réviser nos vélos, dont les pédaliers commençaient à cliqueter de manière inquiétante (roulement à billes défectueux, selon le réparateur). De retour au chalet, une violente tempête éclate. C’est ce moment qu’à choisi Madame Schoonbrodt, pour me demander un petit service : aller couper les cerises au sommet des plus hautes branches de son arbre ! L’échelle qu’elle me prête est de surcroît complètement vermoulue, mais je n’ose refuser. Arrivé au sommet de l’arbre, les rafales de vent semblent plus violentes encore. J’imagine le pire. Ce serait bête de terminer le voyage de cette façon. Allez raconter que vous vous êtes cassé une jambe en cueillant des cerises à la veille de Noël !


(monument "Aux colons de la XIe région, Coihaique)

(maison typique à Coihaique)

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