11 janvier, 2007

Courage, fuyons...Noël (1)

(photo Pablo Jacqmin)

Dimanche 24 décembre 2006

Pour entamer cette nouvelle année, un carnet de voyage tout petit mais tout frais puisque réalisé entre le 24 et le 27 décembre dernier à l’occasion d’un voyage-éclair à Prague.
Voyage qui, je l’avoue, n’a pas fait l’objet d’une grande préparation et pour tout dire, a été réalisé dans une certaine précipitation. Et pour cause.
Nous n’avions qu’une envie, un peu honteuse, je l’avoue, nous échapper et surtout échapper de toute urgence au sacro-saint réveillon de Noël en famille. Evénement que nous fêtons depuis pratiquement 25 ans dans les mêmes conditions, avec les mêmes personnes –que nous adorons au demeurant- et…les mêmes cadeaux : un bijou malgache acheté à la boutique Oxfam du coin pour « W», la bonne petite bouteille de « prune » rapportée du Luxembourg pour « X », une compilation de chansons traditionnelles hongroises pour « Y » (« Y » adore la musique traditionnelle hongroise) et pour « Z », un grand bol avec une phrase amusante inscrite dessus, de préférence en wallon, par exemple : « Oufti, k’sè tchaud ! » (« Sapristi, que c’est chaud ! »)
Ça fait toujours rire, paraît-il.

Bref, nous nous engouffrons le 24 décembre à bord d’un avion de la Germanwings (une compagnie low cost) démarrant de Cologne à 9 heures du matin.
Déjà, je suis épuisé par le voyage en voiture Oupeye-Cologne. A peine 120 kilomètres, certes, mais parcourus dans l’obscurité la plus totale (les autoroutes allemandes ne sont toujours pas éclairées) , une incomparable purée de pois et durant tout le trajet, la chanson de Jean Ferrat « Nuit et Brouillard » me trottant dans la tête.

Le pilote de l’avion -silhouette élancée, cheveux blonds mi-longs et halage parfait- vient de monter la passerelle quatre à quatre et s’ engouffre dans la carlingue. La porte du cockpit est restée ouverte et je vois s’enfoncer le play-boy teuton dans son siège avec la désinvolture d’un gamin prenant possession de son cuistax à Knokke-le-Zoute. Il embrasse une hôtesse – j’ai l’impression qu’il va lui mettre la main aux fesses- salue son co-pilote et fait de grands signes rigolards aux mécanos restés au sol.

Décidément, je ne pensais pas qu’un jour le personnel volant arriverait à une telle légèreté. Ce n’est quand même pas rien que de piloter un Airbus. Ne fût-ce qu’un « petit » A319.
Ça y est, les turbines vrombissent, le fuselage tremble et le bruit devient infernal. Mais qu’ utilisent-ils comme carburant dans ces appareils ?
Voilà que mes mains deviennent moites et mon cœur se met battre à du deux cents à l’heure.

Cinquante cinq minutes de palpitations plus tard, nous atterrissons à Prague. Le ciel est plombé et le froid transperçant. Une navette nous emmènera bien vite vers le centre. Mais au préalable, le chauffeur du minibus m’adresse une tirade en tchèque. Le petit lexique rapidement révisé durant le vol ne me permet toutefois pas de saisir l’intégralité de son discours. En désespoir de cause, l’homme me montre son porte-feuille. C’était pourtant clair : « On paie d’abord, on démarre ensuite ». De dos, je ne vois du chauffeur que sa nuque « von stroheimienne ». Je l’imagine déjà avec une gabardine gris-foncé comme celle que porte la police secrète Bordure dans l’ « Affaire Tournesol ».

L’ « homme de la Zep» nous débarque Place de la République après un quart d’heure de route. Là, nous sommes aussitôt accosté par un vendeur de toques en fourrure. « Attention, si vous la voulez avec l’ écusson (il s’agit d’un insigne avec le marteau et la faucille), c’est plus cher , prévient le commerçant ». Nous déclinons la proposition, mais, en bon joueur, l' homme nous offre quelques cacahuètes grillées enrobées de sauce caramel. Pablo s’inquiète de cet étrange présent.
« Tu crois qu’on peut les manger me demande-t-il ».
« Vérifions d’abord qu’elles ne contiennent pas du polonium, lui dis-je ». Trop tard, mon fils en a déjà englouti une pleine poignée. Tans pis, nous verrons bien.


(1) (2)

(1) Place de la vieille ville -Staromestske namesti- et la tour de l'Hôtel de ville illuminée. (2) Ambiance brumeuse sur le "canal" Certovka

(3) (4)

(3) Ascenseur Art Nouveau à la Maison Municipale. (4) Ruelle derrière l'église Notre-Dame-du-Tyn

(5) (6)
(5) Plaque d'égoût (6) Relève de la garde au Château royal

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Parfait, ce début de récit, qui fait très BD en effet. La police secrète bordure et la nuque stroheimienne, excellent !
La photo avec la Skoda est très évocatrice...
Ces vieilles bagnoles un peu ringardes sont décidément photogéniques dans le décor urbain, au contraire des voitures plus récentes, toutes lisses et contemporaines.
Je suis allé à Prague en 1986 (pendant le communisme), au nouvel an 1989-1990 (après la révolution de velours) et en 1994. N'est-elle pas devenue monstrueusement touristique aujourd'hui ?

-Bernard- a dit…

La ville est en effet terriblement touristique, et tout particulièrement en cette période fin d'année! Je suppose qu'à l'époque où tu y es allé ça devait être bien plus calme!!!

Anonyme a dit…

En 1994, c'était déjà fort touristique.
Au tournant 89-90, en plein hiver donc, il y avait des touristes, mais assez peu, et la ville avait encore son aspect "pays de l'Est" (peu ou pas de publicités, peu de voitures, des magasins assez pauvres), mais c'était très intéressant et existant d'être dans une ville où la démocratie venait de reprendre ses droits : il y avait des affiches partout, des portraits de Vaclav Havel, des photos des manifestations monstres de novembre-décembre 89 contre le régime communiste...