06 janvier, 2007

Mission à Gourcy (10e et dernier épisode)

Vendredi 15 juillet 2005


Journée un peu pénible et peu de chose à en dire sinon que nous partons de bon matin vers Ouagadougou où Michel a quelques rendez-vous, notamment avec un fonctionnaire de la Région wallonne ainsi qu’avec Quentin de l’asbl Autre Terre. Cette dernière réunion doit permettre de faire une première synthèse de ce voyage et ouvrir quelques pistes quant à un futur partenariat entre la Commune d’Oupeye et celle de Gourcy. Nous reprendrons enfin la route en direction de Bobo Dioulasso dans le courant de l’après-midi. Là-bas, nous sommes invités à assister au lancement officiel d’un projet de téléphonie mobile mis en place précisément par l’ASBL belge Autre-Terre et l’association ECLA dont nous avions rencontré le responsable à Ouahigouya en début de séjour. Nous arrivons à Bobo Dioulasso en fin de journée après une longue route fatigante et plutôt monotone, bien que le paysage, à mesure que nous avançons vers le sud, devienne un peu plus vert et quelque peu plus vallonné. Voyage au cours duquel nous manquons de peu de rentrer en collision avec une famille d’éléphants traversant la route. Nous serons logés dans un bâtiment un peu spartiate qui doit être un séminaire ou quelque chose dans le genre.

(bobo dioulasso, à la tombée du jour)

Samedi 16 juillet
La manifestation à laquelle nous avons été invités ce matin ne manque décidément ni d’intérêt ni d’originalité. L’inauguration officielle de ce projet, auquel assiste d’ailleurs la Ministre de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale consiste à fournir à un certain nombre de handicapés sans travail un tricycle sur lequel a été fixé un téléphone. Il s’agit en fait de « cabines téléphoniques » mobiles qui sillonneront dorénavant la ville en tous sens en permettant à tout un chacun de pouvoir appeler à partir de ce poste, moyennant une légère contribution et ce y compris -et surtout- dans la banlieue mal desservie en matière de télécommunication.
Au cours de la cérémonie, assez émouvante, les handicapés vont recevoir à tour de rôle leur nouveau « véhicule » et seront invités à composer le numéro d’une des personnalités présentes, histoire de vérifier que tout fonctionne correctement. Tout le monde aura ainsi droit à son petit coup de fil « en direct » : Le Maire, le Curé, la Ministre, etc.., .
Comme de coutume, la manifestation se clôturera par un spectacle de chants et de danses traditionnels.
Après une dernière réunion avec un diplomate burkinabé autrefois en poste en Europe (sa maison est glaciale et j’y attrape un rhume, merci le conditionnement d’air !) Nous consacrons une bonne partie de l’après-midi à la visite de Bobo Dioulasso. Une ville très agréable et vivante avec de belles avenues parfois bordées d’arbres et bien ombragées. Nous y croisons même, et c’est la première fois depuis le début de ce périple, quelques routards européens. Sans rentrer dans de longues considérations d’ordre touristique, il faut quant même signaler que cette ville mérite le déplacement, ne fût-ce ce que par son vieux quartier et son antique mosquée en banco. Une visite que nous effectuons en présence d’un guide dûment accrédité et parfaitement compétent. Il nous explique qu’ il fait partie d’une jeune association dont le but est de développer et professionnaliser l’activité de guide mais aussi « de venir à bout de toute une série de magouilleurs pas toujours très honnêtes nous dit-il ».

(bobo dioulasso, scène de rue)





(bobo dioulasso, la vieille mosquée)




(bobo dioulasso, la vieille mosquée, détail)


(bobo dioulasso, brasserie artisanale)



(bobo dioulasso, sur les toits de la ville)



Dimanche 17 juillet

En route vers Ouagadougou et préparatifs de retour. Nous retrouvons une dernière fois la maison de Quentin où nous récupérons une partie de nos bagages. Nous prenons également quelque repos avant d’entamer le voyage vers Bruxelles. Un trajet qui s’effectuera de nuit, toujours à bord d’un avion de la Royal Air Maroc à peine rempli à moitié. Dans la salle d’attente de l’aéroport, je bavarde un moment avec un couple de touristes belges. L’un et l’autre paraissent fourbus et ne cachent pas leur désappointement à l’égard de ce pays.
On peut en effet se poser la question de savoir s’il est bien approprié de faire du tourisme au Burkina Faso, ou dans quelque autre pays du tiers-monde d’ailleurs.
Personnellement, je pense que oui. Du moins si l’on accepte, sans broncher, les conditions de vie locale et que l’on ne tente pas de reproduire ou de retrouver un confort « à l’occidental » et puis surtout, que l’on puisse témoigner au mieux de ce que l’on a vu, sans porter le moindre jugement.
Mais est-ce là un comportement de touriste ?
Le Burkina Faso a certes a une dimension tragique mais aussi…. grandiose. Tragique car la misère socio-économique est abyssale et qu’en cette période, de plus, certaines régions du pays sont quasiment au bord de la famine et bon nombre de puits sont à sec. Ce pays est en même temps grandiose par la force, le dynamisme, l’ingéniosité, l’humour, la créativité et l’amour de l’autre dont ce peuple est capable malgré l’adversité. Rarement, j’ai pu apprécier un peuple à la fois aussi doux, pacifique et doté d’une telle obstination. C’est pourquoi, à mon avis, le Burkina Faso est promis à un avenir de premier plan en Afrique dans les prochaines décennies. Ce n’est pas pour rien non plus que Burkina Faso signifie « Le Pays des Hommes Intègres »

Petit complément d’informations à propos de ce voyage :

Dans les mois qui ont suivi cette mission, deux projets, modestes mais essentiels, se sont concrétisés : L’un consiste à la mise en place d’une structure de gestion des déchets (création d’un équipe de collecte des ordures dans le centre de Gourcy avec matériel ad hoc tel que charrettes, ânes, outils, matériel divers, paiement des premiers salaires, etc.. ) ainsi que le matériel et l’assistance technique destinés au creusement d’un nouveau puits. Le tout pour un montant global d’environ 65.000 euros
Une 2e mission au départ d’Oupeye se rendra à Gourcy en février 2007 afin d’évaluer l’évolution du projet sur place ainsi que d’envisager d’autres projets, peut-être plus ambitieux.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette série sur le Burkina Faso était passionnante !
Merci !

Anonyme a dit…

Merci d'avoir eu la patience d'aller jusqu'au bout!!!

Anonyme a dit…

Il ne fallait pas de patience, c'était vraiment un plaisir !

Anonyme a dit…

Regardé, et lu (je commence seulement... Assez émerveillée), en écoutant, Lhasa. J'aime beaucoup.

Merci !

Anonyme a dit…

C'est une magnifique découverte! Je suis vraiment captivée par ce que j'ai lu. Ouagadougou et le Burkina Faso sont désormais plus que des factures que je compulsais... Factures pour le MAE, pour des frais de garde de meubles de diplomates en mission au Burkina.

Et puis, tout de même, j'ai des amis qui sont partis là-bas (en partie pour cause de boulot, en partie pour visiter). Donc, ce n'est pas tout à fait "abstrait" pour moi, mais vous contez bien, très bien.

J'aime beaucoup le récit de voyage. Je suis toujours en admiration devant la personne qui arrivent à assumer de grands voyages. Je crois qu'on m'aurait mille fois trouvée morte, de dysenterie ou de terreur, dans un coin... :-)

Ou peut-être que j'aurais surnagé...

(Marie-Françoise).

Anonyme a dit…

Bonjour Pivoine,

Je découvre à l'instant tes commmentaires enthousiastes, encourageants...et touchants! Merci.
Quant à ta réflexion " je crois qu'on m'aurait mille fois trouvée morte", je pense qu'on sous-estime trop souvent ses propres facultés d'adaption vis à vis de conditions de vie un peu "extrême", ou simplement différentes. C'est precisément, me semble-t-il, dans ces conditions que la Vie libère tout son suc. C'est le retour au quotidien, à la sécurité et au confort qui est anesthésiant.... voire mortel. Enfin, je crois...
A bientôt, j'espère.