28 janvier, 2007

Courage, fuyons...Noël! (4e et dernier épisode)

Mardi 27 décembre 2006

Le ciel est parfaitement dégagé ce matin, il est environ 8 heures et le soleil pointe le bout du nez, la journée s’annonce belle.
Nous dévalons sans tarder la rue Veletrzni à bord du tram 8, celui qui arrive Place de la République.


De là, en quelques minutes à pied, on atteint le centre historique, l’église Notre Dame du Tyn, l’Hôtel de Ville, l’horloge astronomique, l’ avenue Parizska avec ses boutiques de luxe et la place Starometske. Depuis le début du mois, elle s’est parée de décorations de Noël, de guirlandes multicolores, d’un sapin gigantesque et de chalets croulants sous les spécialités
gastronomiques.
Cette fois nous traversons le pont Charles sous le soleil. Il n’y a pas encore trop de monde à cette heure.
(le pont Charles)

Nous prenons la direction du Château royal, sur la colline, en faisant quelques détours, histoire de se laisser imprégner par l’ambiance assez romantique de ce quartier qui, selon la légende, abritait autrefois des ateliers d’alchimistes. Aujourd’hui pas mal d’ambassades siègent dans ce quartier . Celle des Etats-Unis notamment. Un vaste hôtel particulier dont les volets sont tous fermés. Sans doute la délégation américaine est-elle rentrée au pays pour Noël. Une patrouille de policiers tchèques est néanmoins en faction à proximité de l’immeuble.
Arrivés au sommet de la colline, le site du château s’impose comme une évidence. Aujourd’hui, et depuis l’avènement de la 1ère République en 1918, il abrite le palais présidentiel. Palais que Vaclav Havel n’a par ailleurs jamais occupé.
Nous pénétrons ensuite dans la première cour, sans grand intérêt architectural à mon humble avis, puis découvrons plus loin une église Saint Guy, prise littéralement d’assaut par des milliers de touristes de toutes nationalités. Ces derniers sont répartis en groupes de vingt ou trente personnes précédés d’un guide brandissant qui, un parapluie jaune, qui, un fanion ou un petit drapeau, de manière à ne pas perdre le troupeau.

(l'église Saint Guy)

Une foule bigarrée vient de se former aux grilles du château. C’est la relève de la garde. Une détachement d’une vingtaine d’hommes en costume d’apparat s’approche d’un pas martial au son des cuivres. C’est une musique militaire évoquant curieusement l’entrée des gladiateurs dans l’arène. On croirait entendre la bande sonore d’un péplum des années cinquante !
Poursuivons cette balade un peu à l’écart de la foule en direction de la colline de Petrin. Une véritable forêt de hêtres, de marronniers et de chênes au cœur de la ville. Il n’y pratiquement pas de touriste ici. L’endroit est calme et semble être un lieu de rendez-vous ou de promenade pour les amoureux, les familles et les pensionnés du cru.

(panorama depuis le Belvédère)

Un étrange pastiche de Tour Eiffel surplombe le promontoire boisé, il s’ agit du Belvédère. Pablo nous entraîne à le gravir pour apprécier la vue du sommet. Superbe et impressionnante. D’ici l’enchevêtrement des constructions prend des proportions hallucinantes. C’est un décor de théâtre, une suranbondance, une juxtaposition de styles, de formes et de couleurs sans pareille. Et pourtant, « tout ce tient », tout est parfaitement cohérent, mais aussi….rempli de mystère. Je retrouve un peu cette sensation d’excitation ,presque fiévreuse, lorsque, enfant, je me projetais littéralement dans ces décors de circuits de trains électriques miniatures, comme ceux que l’on exposait dans les grands magasins à la Saint Nicolas !

(les quais le long de la Vltava)

De retour au centre, nous consacrons ce début de soirée à la visite d’une rétrospective du photographe tchèque Jan Saudek Toujours étonnant de voir les tirages originaux de ces photos tant de fois reproduites à travers les magazines du monde entier. Saudek est évidemment une personnalité à part dans le mode de la photo. Sa manière de « coloriser » ses épreuves n’étonne peut-être plus grand monde aujourd’hui, mais il faut replacer son travail dans le contexte de l’époque (dans les années septante) où les trucages informatiques, Photoshop, etc…n’existaient pas. Ce qui me fascine le plus dans le travail de cet artiste est ce contraste de froideur, presque « germanique », dans la manière de traiter ses sujets -photographiés souvent de façon très frontale- et les atmosphères lourdes, presque baroques, engendrées par des mises en scène aux éclairages crépusculaires ainsi qu’une abondance de draperies et d’ accessoires un peu morbides (crânes, chaînes,…)


(expo Jan Saudek à la "Galery Cafe")

Quant à ses modèles de prédilection, il est, me semble-t-il, une sorte de précurseur en privilégiant des corps en dehors de tous canons esthétiques traditionnels et formatés : femmes obèses ou corps décharnés, enfants malingres et vieillards fatigués, regards fous ou éteints…

Lorsque nous sortons de l’exposition, la nuit est tombée. Sur le podium installé sur la place, un groupe de musiciens vient d’ entamer un concert de musique médiévale.

On ferme les yeux. Nous voilà sous le règne d’Ottokar II !
Il n’y a pas à dire, Prague, même à Noël, ça vaut son pesant de cacahuètes grillées, nom d’un sceptre !

(place starometske)


Fin du carnet de voyage praguois.

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