15 septembre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (3)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée longitudinale de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge,vélo et marche...

Dimanche 25 octobre (Pisco/Pérou)

Une journée dans le sable !
Direction Paracas, juste pour le plaisir de se « perdre » dans le désert –ou de s’en donner l’illusion- .
Un bus part de la place à 8 heures.
Les maraîchers s’y activent déjà depuis belle lurette.
Des fruits, de la volaille, des onguents, des plantes médicinales, des patates douces, des épices, du parfum…
Le bus démarre dans un tonnerre d’enfer.
Poussière, odeur de gasoil, bruit de ferraille.
Une petite demi-heure de route et nous voilà face à l’hôtel « Paracas ».
Un des plus luxueux de la région paraît-il.
Nous y rentrons pour demander à l’accueil un carte de randonnées.
La réceptionniste nous remet une photocopie chiffonnée, à peine lisible.
Ca n’a pas l’air très fiable, mais nous risquons malgré tout un petit circuit. Celui menant au musée Julius C. Tello : « Une référence pour tout qui veut connaître la civilisation Paracas » est-il indiqué sur le papier.
En avant pour le musée.
Le balisage s’avère boiteux dès le départ !
Nous errons pendant une heure sur une piste improbable et perdons vite l’hôtel de vue, seul point de repère fiable dans cette mer de dunes nimbées de grisaille matinale..
Marie-Hélène a beau retourner notre guide et la « carte » en tous sens : nous sommes perdus. Pas la moindre trace du fameux musée.
Dans le lointain, nous avons aperçu une VW –couleur sable- immobilisée au milieu de la dune et deux personnes à proximité.
Nous nous en approchons, peut-être pourront-ils nous donner quelques informations.
Il s’agit d’un couple en villégiature originaire de Lima, Walter et Lilian. Ils sont aussi à la recherche du fameux musée. Nous décidons d’unir nos efforts et finissons, après maints détours, et deux ensablements par débusquer un édifice un peu miteux surmonté d’une pancarte « Museo Julius C. Tello ».
L’endroit est poussiéreux et d’un didactisme un peu suranné. Le « conservateur » du musée nous laisse errer dans les salles sans même prendre garde à nous ni nous surveiller. Il y a pourtant quelques belles pièces avec entre autres cette momie Paracas (civilisation établie ici entre –600 et –300 avant J.C.) ainsi que quelques beaux spécimens de tissages colorés aux motifs géométriques complexes.
Nous poursuivons notre découverte des environs avec Walter et Lilian qui nous font profiter de leur véhicule, notamment jusqu’à un mirador surplombant l’océan et en contrebas duquel se prélasse une famille loups de mer. Dans le ciel, quelques condors semblent ne rien perdre de la scène.
Sur la route du retour, le couple nous invite à prendre un verre à l’Hôtel Paracas où ils sont descendus pour le week-end. Les prix de cet établissement semblent pourtant inabordables : L’affiche à l’entrée indique 1000 intis la nuit pour une chambre double. « C’est la moitié d’un salaire moyen au Pérou, nous dit Walter » et d’ajouter : « Nous sommes propriétaires d’un commerce de luminaires et de matériel électrique dans le centre de Lima et cette année a été assez bonne pour nous, c’est pourquoi nous nous offrons cette petite folie en amoureux »
Au bord de la piscine les apéritifs se succèdent à un rythme d’enfer et nous commençons tout doucement à « dériver ». Notre espagnol n’est pas assez suffisant que pour comprendre la totalité du long monologue qu’à entamé Walter et maintenant tout se mélange dans notre esprit : les réformes ( ?) du président Alan Garcia, le racisme (à l’égard des péruviens natifs), le coût de la vie, la difficulté de trouver un travail, etc…
Lorsque nous voulons aborder le problème de la guérilla marxiste initiée par le « Sentier Lumineux » sévissant dans certaines régions du pays, notre compagnon se ferme brutalement. « Je préfère ne pas parler de ce sujet ici, lâche-t-il sèchement en guise de point final à cette conversation ».
Nous reprenons le chemin de Pisco à bord d’un minibus en faisant toutefois une halte à San Andres où nous dînons d’un steak de tortue (une fois de plus, mais il n’y pas le choix).
Cette fois tout chavire. Le fracas des vagues sur la plage, le vol des pélicans rasant les flots, les chaises bleues du resto et ces rais de lumière filtrés par une mince toiture en bambou.

Au mur est épinglé un avertissement un peu surréaliste à l’attention de la clientèle : « Consommateurs, si vous découvrez dans les plats, des insectes ou quelqu’ autres corps étrangers dans votre nourriture vous êtes instamment priés d’en avertir le service d’hygiène de la province….. »

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