16 septembre, 2007

Lima-Rio en 80 jours (4)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée longitudinale de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge,vélo et marche...


Lundi 26 octobre (vers Nazca)
(Dans les faubourgs de Nazca)
Nouvelle tranche de voyage, en direction de Nazca.
Le bus indique une capacité de 49 places assises. Elles sont toutes occupées mais il y a autant de monde debout dans le couloir central. Malgré la foule, un contrôleur parviendra à se frayer un chemin à grand coup d’épaule et de coude pour examiner un à un les tickets des passagers et au besoin faire payer les fraudeurs. A mi-parcours la plupart des voyageurs descende. Ce sont des étudiants, tous vêtus d'un bel uniforme bleu.
Nous parvenons enfin à nous asseoir et à contempler un paysage qui s’est sensiblement modifié depuis notre départ de Pisco. Les premiers contreforts des Andes apparaissent, la route devient sinueuse et quelques corniches en surplomb donnent déjà de belles émotions. Je comprend pourquoi le chauffeur a fait le signe de croix avant de démarrer. Sous son nez, en guise d’assurance complémentaire, une image de la vierge se balance au gré des chaos.
Il est midi lorsque nous arrivons à Nazca. La chaleur est sèche et suffocante.
A l’Hôtel Nazca (ce n’est pas très original) le patron nous propose une chambre correcte ainsi que des excursions que son associé organise chaque matin. Nous concluons le marché et acceptons de partir dès demain vers les fameux signes gravés sur le sol par la civilisation Nazca.
Dînons en ville en compagnie d’un jeune californien. Celui-ci nous raconte ses mésaventures depuis son arrivée au Pérou. Notamment celle qui lui a valu d’être dépouillé de tous ses bagages dès le premier jour à l’aéroport de Lima « Une attaque surprise dans les toilettes de l’aéroport par trois individus armés de cutter, dit-il, je n’ai rien pu faire, tout s’est déroulé en moins d’une minute, ajoutera encore l’américain, sans jamais se départir d’un large sourire ».

Le soir venu nous nous donnons rendez-vous à l’hôtel « Turistas ». C’est dans les salons de cet établissement que chaque soir la célèbre archéologue-mathématicienne allemande Maria Reiche donne une conférence sur l’œuvre de sa vie : le décryptage des mystérieux signes de Nazca –les géoglyphes- que d’aucuns continuent par ailleurs à attribuer à une civilisation extraterrestre !
Cette étonnante personnalité vit depuis de nombreuses années à Nazca dans cet hôtel. Un appartement lui a d’ailleurs été alloué à vie par le gouvernement péruvien en récompense des services qu'elle a rendus au pays en faisant connaître au monde entier la culture Nazca.
En fonction de la nationalité des touristes venus l’écouter, Maria Reiche donne son exposé en anglais, en allemand, en français ou en espagnol. Cette fois, le public –une cinquantaine de personnes ce soir- sera majoritairement anglophone et l’ archéologue s’exprimera donc en anglais. Dès son entrée dans le grand salon, les conversations vont s’arrêter. Il faut dire que, malgré sa petite taille et sa démarche hésitante (elle doit avoir plus de 80 ans) et ses cheveux blancs, la dame impressionne. En raison des longues heures passées à travailler sous l’infernal soleil, elle est de surcroît pratiquement aveugle et c’est sa sœur qui l’aide à gravir les marches du petit podium d’où elle va s’adresser au public. Sa voix est très faible, et bien qu’amplifié par un micro (défaillant), son commentaire est difficilement perceptible. On comprend cependant que, selon sa théorie, les dessins, les signes et les lignes gigantesques –parfois plusieurs kilomètres de long- parcourant le désert alentour auraient notamment une vocation de calendrier. Par exemple, lorsqu’un astre, une étoile ou une constellation se trouve dans le prolongement de telle ou telle ligne, il est temps d’entamer telle ou telle tâche agricole, etc…La technique utilisée pour tracer ces signes semble quant à elle assez simple : Le sol, dans cette région est constitué de sable clair recouvert d’une couche de cailloux rendus foncés grâce à l’oxyde de fer. En raclant cette première couche apparaît ainsi le sable plus clair et dans la foulée, les motifs dessinés.
Si ces "gravures" sont toujours visibles aujourd’hui après autant de siècles (la civilisation Nazca s’est développée entre –300 av. J.-C. et 800 de notre ère), cela est dû au climat particulier dont jouit la région : absence quasi totale de vent et sécheresse extrême –à peine quelques millimètres d’eau par an-. Aujourd’hui encore, si l’on trace une ligne sur ce sol, il y a de fortes chances que dans un millénaire, celle-ci apparaisse toujours !






(Maria Reiche, photo: Revista International El Colibri)

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand j'étais adolescent, j'ai lu plein de livres "mystérieux" qui parlaient entre autres des énigmes de Nazca (extraterrestres etc...).
Les théories de Maria Reiche sont-elles avérées aujourd'hui ? Elle parle de calendriers astronomiques pour planifier les travaux agricoles. Mais y avait-il des cultures dans ce désert côtier, et où ? C'est en tout cas un site fascinant.

Anonyme a dit…

Bonjour Jean,

En ce qui concerne les théories de Maria Reiche,je ne sais si aujourd'hui elles sont toujours prises en considération. Pour ce qui est des cultures, bien que cela soit étonnant, la région est jallonée d'oasis cultivés (champs de coton, notamment). Ces cultures sont toujours irriguées aujourd'hui par le système complexe de canaux d'irrigation sous-terrain conçu...par les Nazcas.(photo dans le prochain billet!)
A bientôt,

Bernard