25 septembre, 2007

Lima -Rio en 80 jours (7)

Ce carnet rassemble des notes et des photos prises lors d’un voyage réalisé en 1987.Il s’agit, comme le titre l’indique, d’une traversée longitudinale de l’Amérique latine ayant pris environ 3 mois (octobre, novembre, décembre) en utilisant les moyens de transports locaux les plus divers et surtout les moins coûteux : auto-stop, trains, bus, camions, barge,vélo et marche


Vendredi 30 octobre (Arequipa/Pérou)

Bien que non prévue initialement, cette étape à Arequipa augure de belles découvertes. Vue du balcon de notre chambre -que nous n’avons pas quittée depuis plus de 24 heures en raison de notre état de santé- la ville semble agréable et propre. Il en émane une impression de calme, de sérénité.
On dit pourtant que c’est d’ici que sont parties toutes les révolutions péruviennes !
Abimaël Guzman, leader du mouvement « Sentier Lumineux » est lui-même de la région (Mollendo) de même que -dans un autre registre- l’écrivain et futur candidat à la présidence, Mario Vargas Llosa (né à Arequipa en 36).

Quoiqu’il en soit -et comme notre flore intestinale semble peu à peu se remettre en place-nous prenons notre courage à deux mains et décidons de partir à la découverte de la « Ville blanche », ainsi surnommée en raison de ses nombreux édifices construits en blocs de lave très claire. Car cette ville est aussi cernée de volcans dont l’impressionnant Misti, culminant à plus de 5800 mètres.
Après un (très) léger petit-déjeuner pris dans le snack du coin – dont le patron est fort occupé ce matin à regarder un reportage sur les éléphants du Kenya !- nous entamons un circuit dans la ville : La Place d’Armes -avec ses arbres en fleurs et ses nuées d’écrivains publics- la cathédrale -avec ses deux tours- et enfin, l’incontournable couvent Santa Catalina.
Incontournable car cet ensemble architectural (dont la construction a été entamée en 1580) couvre une superficie de près de 2 hectares et est littéralement planté au cœur de la ville. Les 450 nonnes qui l’occupaient jusqu’en 1970 vivaient dans une totale réclusion, contraintes au silence absolu et abritées du tumulte ou des révolutions par les impressionnantes murailles ceinturant l’édifice. Il s’agit ni plus ni moins d’une ville dans la ville. Une véritable cité miniature coloniale –parfaitement entretenue et restaurée- avec ses places et ses cours, ses venelles et jardinets, ses ruelles labyrinthiques et impasses mystérieuses. Site d’autant plus étrange que durant les 4 siècles d’occupation religieuse de cette sorte de citadelle de la foi, un rigoureux secret concernant les activités qui s’y tenaient a été jalousement maintenu. Un black-out qui a suscité jusqu’à ce jour les plus invraisemblables commérages et ragots, les rumeurs les plus torrides !

A propos de rumeur, précisément, il en est une qui nous est parvenue avec insistance cet après-midi : il serait impossible de trouver une place dans le prochain bus à destination de Cuzco où nous avions l’intention de nous rendre dés demain. Non pas, cette fois, en raison d’attaques possibles des guérilleros mais tout simplement pour cause…de Toussaint. Tout le Pérou est sur les routes durant les jours précédant « la fête des morts », nous dit-on, et tous les moyens de transports sont réservés bien longtemps à l’avance. Les rares places restées disponibles s’arrachant à prix d’or. Arrivés à la gare routière, une file d’au moins cent personnes campant face à l’unique guichet, achève définitivement de nous convaincre.
Un homme est même venu nous accoster pour nous proposer un marché : En échange d’un solide pourboire, il accepte de faire la file pour nous, et au besoin de dormir sur place jusqu’à la réouverture du guichet demain matin !

On optera cependant pour une autre solution : la marchande de petits pains, à l’entrée de la gare est bien connue pour ses combines et surtout ses bonnes relations avec le guichetier : Moyennant quelques billets, elle promet de nous trouver 2 places à bord d’un prochain bus. Sans doute pas pour demain, ni après-demain, mais pour le jour suivant, sans aucun doute. Au bout d’une petite demi-heure d’attente, une gamine à qui la marchande a demandé d’assurer la transaction revient en souriant avec les deux précieux tickets en main. C’est « gagné ». Départ assuré dans….3 jours !





(Arequipa, couvent Santa Catalina)

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