08 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 4)

Mardi 11 juillet

Après une excellente nuit passée d’une traite, le temps est venu d'envisager la suite des évènements. En l’occurrence, passer la frontière argentine et continuer notre trajet, cette fois vers le sud en gardant toutefois comme ligne de conduite naturelle, la Cordillère.
Nous réservons 3 places dans le prochain train à destination de Villazòn (ville frontalière bolivienne. Ce train effectue le trajet de nuit, à travers montagnes et hauts plateaux et démarre d’Uyuni en fin de soirée.


(Uyuni,cortège à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de la ville)

En attendant, nous parcourons une dernière fois les rues de la petite ville andine. L’ambiance est particulièrement animée aujourd’hui en raison de la poursuite des festivités organisées à l’occasion de l’ anniversaire de la fondation de la ville. Un long cortège est en train de sillonner l’avenue principale. Les pétards éclatent et des fanfares résonnent dans le lointain. Un cortège assez insolite puisque toutes les forces vives de la bourgade y prennent part : les représentations de mineurs, les associations de quartier, les syndicats ouvriers –avec de grandes affiches à l’effigie du Che- les compagnies d’autocars et de bus, les producteurs de laine, les éleveurs de lama, etc… L’ensemble est fermé par un défilé militaire en costume d’apparat du plus bel effet. Tout ce monde passe ainsi au pas devant la tribune des officiels où l’on peut voir le maire et ses adjoints gominés ainsi que différents gradés de l’armée accompagnés de leurs épouses engoncées dans leur tailleur du dimanche.
(Uyuni)
A quelques dizaines de mètres de là, tout près de la place de l’église, des échoppes ont été installées. On y trouve de l’artisanat, des pâtisseries, de la viande grillée, des jouets et, vraisemblablement des offrandes miniatures comme celle que l’on dépose à l’occasion du culte de la Virgen de Copacabana.

Plus loin encore, quelques forains ont également pris place. Les carrousels et les roues aériennes sont mus uniquement à la force des bras des forains.
Il y a aussi quelques « casinos » artisanaux. Cette attraction semble avoir un succès tout particulier. Il s’agit d’un genre de « Roue de la Fortune » où les plus chanceux peuvent gagner des articles « made in Hong Kong », des peluches géantes, des radio-cassettes ou des téléviseurs portables.

Avant de prendre le train, nous prendrons un dernier repas à l’Arcoiris.
Restaurant où nous ferons traîner les choses le plus longtemps possible de manière à ne pas devoir trop attendre dans la salle des pas perdus de cette gare glacée.

Nous embarquons dans le train à destination de la frontière argentine vers 23h. Là, stupéfaction, contrairement au train emprunté pour arriver en Bolivie, les wagons, exclusivement destinés aux voyageurs, sont modernes, bien entretenus et de surcroît, chauffés.
Une télévision diffuse des films pour occuper les voyageurs et un wagon-restaurant fait partie du convoi.

Le matin, des diffuseurs nous éveilleront au son d’une mélodie un peu mielleuse de Jose Luis Perales.

Le voyage prendra environs 9 heures et se déroulera sans la moindre anicroche.


Mercredi 12 juillet

Arrivée à Villazòn (ville frontière bolivienne, département de Potosi) vers 8h.

L’ endroit, à première vue, ne semble guère offrir d’intérêt, si ce n’est que l’altitude est nettement moindre qu’à Uyuni et la température un peu plus clémente.
Nous ne nous y attarderons guère de toutes manières. Prenons un taxi jusqu’au poste frontière (10 min.) puis accomplissons les formalités de sortie. Traversons ensuite à pied un pont enjambant la rivière faisant office de frontière naturelle et arrivons à la douane argentine de La Quiaca. Un panneau de bienvenue accueille les arrivants et indique par la même occasion que nous nous trouvons à quelques 5200 kilomètres de Ushuaia. Une manière comme une autre de signaler la grandeur du pays !

Comme la ville précédente de Villazòn, La Quiaca n’est pas très enthousiasmante. Architecture informe et bâtiments perpétuellement en cours d’achèvement.
Malgré un soleil radieux, une certaine tristesse se dégage des lieux.
Marie-Hélène propose que nous ne moisissions guère ici et suggère de prendre un bus jusqu’au village de Tilcara. Endroit qui, selon le South American Handbook, est idéal pour partir à la découverte de la vallée d’Humahuaca.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Achetons les 3 billets de bus et nous retrouvons en début d’après –midi dans un lieu effectivement bien agréable et toujours aussi ensoleillé.
(Tilcara)
Dès la sortie du bus, une dame nous accoste pour nous proposer un logement. Nous la suivons et visitons sa maison de la rue Lavalle qu’elle a transformé en petite auberge. L’endroit, qu’elle a nommé Uwa Wasi (La Maison des Raisins, en langue quechua), sera parfait pour y passer quelques nuits. La décoration est de bon goût, il y flotte un subtil parfum d’encens et du jazz (essentiellement des compositions du guitariste argentin Luis Salinas) est diffusé dans les pièces principales. Les murs sont peints de couleurs chaudes et les plafonds, couverts de bambous. L’aubergiste loue ses chambres au prix de 60 pesos (600 fb) la nuitée. Au départ, le déjeuner devait être inclus mais après s’être informée auprès de son fils, elle considère que ce ne sera pas possible.
Peu importe, nous acceptons le marché.

Nous ne faisons pas grand chose en cette fin d’après-midi.

Circulons au hasard des rues et sur la place du village où des dizaines d’artisans vendent bijoux, vêtements ainsi que divers souvenirs à l’attention des nombreux touristes, essentiellement argentins à cette période de congés scolaires.
Nous repérons également quelques peñas pour les jours prochains puis finissons par souper dans un restaurant de la place.

Probablement à cause du changement de climat (il fait très doux) et d’altitude, Pablo connaît de petits problèmes intestinaux.

Jeudi 13 juillet


(vallée d'Humahuaca à Tilcara)

Dès le matin, nous entreprenons une petite excursion en dehors du village.
Un chemin caillouteux mène en ½ heure à un site archéologique intéressant, celui du Pucara de Tilcara, une vaste forteresse d’origine préincaïque dominant de façon stratégique la vallée d’Humahuaca. Sur le promontoire parsemé de grand cactus, on peut circuler au travers d’un dédale de maisons, d’enclos et de lieux de culte bien restaurés et évocateurs de la vie d’autrefois en ces régions. Selon les archéologues, ce site, comme la plupart des pucaras (citadelles) de la région, a été occupé entre 1000 et 1480 mais aussi pendant la brève période incaïque et ce, jusqu’à l’occupation espagnole que l’on considère comme établie à partir de 1594 (correspondant à la date d’emprisonnement du cacique local Viltipoco).

(pucara de tilcara)

Après une petite sieste, nous accompagnons Pablo sur le terrain de sport du village, une esplanade en béton, bien plate et couverte où il peut s’adonner au skate – board lorsque les maraîchers ont rangé leurs étals.

Le soir, nous déciderons de préparer une parilla dans le jardin de la maison qui nous accueille.

Terminerons la soirée à la « Peña de Carlito ». Un café-resto-chantant où le Carlito en question (un garçon ressemblant à notre ami Guillermo de Santiago) interprète avec beaucoup de sensibilité et d’énergie des compositions et des chants traditionnels (coplas) accompagné d’un tambour ou d’une guitare.

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