12 octobre, 2006

Cordillère 2006 -De part et d'autre...- (épisode 6)

Lundi 17 juillet

Nous décidons de changer de pension. Dès le petit-déjeuner englouti, nous avisons une employée de notre volonté de déménager mais également d’être remboursés, du moins partiellement.
Le patron acceptera, après quelques palabres, une ristourne de 5 pesos.
Nous aboutirons donc quelques cuadras plus loin dans une autre pension dénommée « El Quara », calle del Estero, 137. Même genre d’ambiance jeune et dynamique et toujours l’accès à Internet mais avec, en plus, la promesse d’une nuit calme.
(salta, vue partielle)
Mettons à profit cette journée pour réserver une voiture avec laquelle nous pourrons parcourir la Vallée de Los Calchaquies.
Nous consacrons également une partie de la matinée à étudier une modification de notre itinéraire de retour vers Santiago.


Etant donné le risque de ne pouvoir regagner le Chili en passant par Mendoza en raison des chutes de neige fréquentes en cette saison -itinéraire initialement prévu- Marie – Hélène suggère que nous traversions la frontière par le col de Jama, précisément situé à hauteur de Salta. Un passage de la Cordillère dont l’avantage est de n’être pratiquement jamais enneigé. Aussi, réservons-nous prudemment 3 places à bord d’un bus qui nous ramènera la semaine prochaine à Calama.

Le reste de la journée se déroulera dans le parc proche du téléphérique. Là, Pablo se remettra à ses entraînements de skate-board.
(salta, marchand de pop-corn)
Ce soir, nous rencontrerons à l’auberge un jeune couple de Bruxellois (Philippe et Aline). Le garçon a quitté son emploi au sein du groupe Suez et a le projet de chercher un nouveau job plus utile à Buenos Aires. Aline vient quant à elle de terminer un travail sur les délocalisations en Wallonie. Le fruit de cette étude à pris la forme d’un film-documentaire qui devrait sortir sur les écrans en septembre, au Centre Culturel de Flémalle et vraisemblablement au Parc à Liège. Elle promet de nous inviter à l’une de ces projections.

Mardi 18 juillet

Cette fois, la nuit aura été réparatrice ! Heureusement, car ce matin, je vais prendre possession du véhicule de location (une « GOL ») qui nous mènera tout au long des prochains jours dans la vallée de Los Calchaquies.
La première des épreuves sera en effet de sortir le véhicule du hangar de la société de location et traverser la ville sans encombre jusqu’à la pension où nous chargerons les bagages. Ici, la conduite est généralement nerveuse et le respect des priorités plutôt aléatoire. En semaine, le trafic est de surcroît assez dense.
(salta, centre ville)
Nous démarrons le circuit vers la vallée de Los Calchaquies en fin de matinée et prenons tout d’abord la direction d’El Carril. Petite bourgade à une heure de Salta à partir de laquelle la route bitumée laisse place à une piste empierrée grimpant allégrement dans la montagne.
(cuesta del obispo)
Par moment, le chemin se transforme en corniche étroite entrecoupée ça et là de gués peu profonds. Une côte en lacet (Cuesta del Obispo) nous fait rapidement atteindre 3500 mètres d’altitude.
Bientôt, les pâturages verdoyants du début feront place à de vastes plaines arides couvertes de cactus. Par moment de maigres lits de rivières asséchées traversent et rythment l’étendue sablonneuse.
(peu avant cachi)

Apercevons au loin un modeste troupeau de vaches mené par un gaucho.

De nouveau, la route se met à grimper, mais cette fois plus modérément.
Durant la traversée d’un petit village, une dame âgée nous fait signe d’arrêter. Elle doit se rendre à Cachi pour y consulter un médecin. Nous la chargeons jusqu’à ce village où nous avions par ailleurs convenu de faire étape.
Trouvons rapidement une pension non loin de la place et de son église blanche en adobe. Le prix est modique (15 pesos par personne) et l’endroit agréable.
(cachi)
Les différentes chambres sont, comme de coutume, disposées autour d’un petit patio , les sanitaires sont communs et l’eau des douches est chaude. Nous décidons de rester ici deux nuitées.
En ce début de soirée, nous partons à la découverte de l’endroit, finalement peu touristique en dépit d’avertissements de voyageurs rencontrés auparavant.
La campagne environnante est typique de ces lieux de moyenne montagne. L’air y est sec et sain, les abords du rio sont arborés et les potagers bien entretenus. Il règne ici une atmosphère paisible et les habitants adressent systématiquement de cordiaux « bonjours » aux touristes.

(cachi)

Soupons à quelques pas de notre pension dans un établissement où crépite un feu de bois. Quelques jolies photographies en noir et blanc réalisées par une jeune artiste de l’endroit ornent les murs. Elles ont pour thème les communautés amérindiennes argentines et l’on y voit notamment quelques beaux portraits de paysannes mapuches.

Mercredi 19 juillet

Sur les conseils d’un employé de l’office du tourisme local, nous passerons la journée en montagne. Une promenade démarrant à « El Algarobal ». Un lieu- dit que nous atteignons au bout d’une quinzaine de kilomètres de piste défoncée. Lorsque cette piste s’arrête, le chemin pédestre commence : une belle randonnée d’environ trois heures le long d’une étroite vallée au fond delaquelle serpente un cours d’eau nerveux que nous devons par ailleurs traverser à plusieurs reprises. La végétation se compose essentiellement de hautes et solides graminées, d’arbustes épineux et bien entendu de cactus. Nous croisons également, par ci par là, quelques rustiques enclos de pierre où paissent de petits troupeaux de chèvres.
Il fait chaud.
(el algarobal)

Tout en marchant, Pablo et moi faisons une moisson de jolis cailloux brillants, sans doute des quartz mais aussi ce que je crois être du mica et de la pyrite. Ce minerais qu’autrefois les gens appelait l’or des fous !

Nous ne rencontrerons personne à l’exception d’une famille de touristes venant d’ Asunciòn au Paraguay. C’est du moins ce qu’indiquait la plaque d’immatriculation de leur véhicule. Nous lions connaissance et les accompagnons quelque temps sur l’étroit sentier. L’ homme est en fait originaire du pays basque et son épouse est allemande. Ils ont deux enfants : une fille d’environ 5 ans et un garçon de 8 ans. Ils nous expliquent qu’ils ont décidé de quitté l’Espagne, où ils ont vécu jusqu’à présent et , selon leur expression, ils ont tout laissé derrière eux pour tenter de refaire leur vie au Paraguay. Pays où, disent-ils encore, la vie est bon marché, ce qui devrait leur permettre de se « retourner » s’ils ne retrouvent pas d’emploi rapidement. Ils doivent en tous cas compter sur quelques belles réserves si l’on en juge par le véhicule qu’ils possèdent, un 4x4 Chevrolet flambant neuf qui doit au moins valoir 40.000 euros.

De retour à Cachi, rencontrons à la terrasse de l’ « Oliver Café » un touriste français un peu égaré. Souffrant de diarrhée et couvert de coups de soleil, il nous racontent ses multiples mésaventures dont celle qui l’a mené, par erreur ou méconnaissance de la géographie, à Santiago del Estero (Argentine) au lieu de Santiago du Chili, à moins que ce ne soit l’inverse, lui même n’en est plus très sûr non plus.

(tout le monde dort à la pension!)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Eh bien voilà ! Je peux donc laisser un commentaire directement sur ton blog. On n'arrête pas le progrès.
Compliments pour l'intérêt et la simplicité narrative des textes et la beauté des photos : ah, la beauté de la lumière, dans l'air sec des Andes argentines !